Connecticut Casual (2004)
Apathy est un rappeur de troisième génération du Connecticut en Nouvelle Angleterre. Trop jeune pour s’être garni les poches à l’apogée du CD, trop blanc pour vendre de la pop moisie Itune qui parle des femmes comme d’un jambon madrange. Il ne lui reste que le talent, le bouche à oreille, et la force dans le nombre pour peser dans une scène américaine dévastée par l’autotune.
En cela, Connecticut Casual est emblématique du crew Army of the Pharao : Des textes de qualité, à consonance conspirationniste, une sobriété des moyens et le récit de la vie quotidienne d’un White Trash pas très fier de lui.
Et je veux plus sentir ma vie devenir irréelle /Tiré la chasse sur une pleine boite de Xanax, toi-même tu sais/Ce traitement c’est de l’esclavage, les antidépresseurs/Servent aux rois du fric à contrôler les pauvres serfs
Qui d’autre qu’Apathy pouvait faire parler Kennedy (Curse of the Kennedy) et l’assassin de son tueur supposé Jack Ruby dans deux pistes antagonistes qui semblent s’invectiver sur les faces fictives d’une MixTape de jadis ?
Je marche sans encombres vers ce fils de pute au milieu d’une conférence/et d’un coup de calibre 38 met un terme à ce non-sens.
Connecticut Casual sent le gasoil d’une marina, les embruns d’un parc à huîtres, les vieilles familles de Nouvelle Angleterre, la misère périurbaine rouillée de l’Amérique sans héros.
Du rap-terroir (comme Manau, mais en bien) , un peu pirate, avec des collaborations soignées (le très bluesy refrain de Kappa Gamma dans l’excellent Don’t give up the ship ).
Dommage qu’il manque parfois de consistance dans la qualité.
Ça te plaira si : Tu aimes fumer de la drogue sur ton porche en rotant ta Pabs Bleu Ribbon, avec un fusil à pompe à portée de main.
Ça te plaira pas si : Tu n’aimes pas le Rap Intello white trash, tu n’écoutes que des lyrics qui parlent de pouffes qui se secouent le bas des reins, en faisant coin-coin. yeah, shake da booty hoe.