OZ
J’adore HBO (et je déteste Netflix). J’aime comment la chaine privée américaine a révolutionné la série télé avec des intrigues complexes, des développements de personnages soignés, des sujets de sociétés pertinents. Quelque part entre « 6 feet under » et « les Sopranos » le réseaux américain a accouché d’un OVNI télévisuel : OZ.
Oz : Le nom dans la rue pour le pénitencier d’état de haute sécurité d’Oswald. Oz est vieux jeux. Oz est châtiment. Vous voulez punir un homme ? Séparez-le de sa famille, de lui-même, enfermez-le avec ses semblables. Oz, c’est perpette qui prend cher.
Prison dans la prison, « Em City » est une unité expérimentale basée sur le modèle du « Panopticon », ces zoos humains carcéraux du 19eme siécle.
Les murs sont en verre, l’individu privé de toute intimité. Il est simple objet dans un musée du crime. Comme le narrateur, un jeune délinquant dans un fauteuil roulant. Sur lequel on peut lire « Propriété de la prison ». Tour à tour MC, poète, humoriste, commentateur politique, et journaliste, Augustus sera votre guide dans cet univers glauque.
Très vite, la série abandonne toute velléité de vraisemblance pour basculer vers le quasi réalisme magique. Avec presque une mort violente par épisode, une nudité omniprésente, Oz est réservé à un publique adulte qui a le cœur bien accroché. La lumière crue des néons et le gris omniprésent –on ne voit jamais le ciel -, le claquement des portes et des hauts parleurs amplifient la sensation de claustrophobie.
Oz est une descente aux enfers peuplée de démon et d’anges à formes humaines : Fanatique musulman charismatique, matonne nymphomane, éducateur gauchiste blasé, skinheads violeurs, zoulous déments, none psychiatre.
Em City est un microcosme à l’image de la société américaine balkanisée. Unis par la haine et la cupidité, les primates s’y livrent une guerre tribale larvée que seul un fragile équilibre des puissances empêche de dégénérer en conflit global.
L’enfer dans Oz, ce sont les autres, si indispensables malgré l’image abjecte qu’ils nous renvoient. Sans angélisme, la série ne propose rien, évoquant juste la face cachée du meltings pot, ce chaudron où chacun brule sans rédemption.
Si l’on néglige les deux dernières saisons qui virent à l’auto-parodie et au soap opéra, Oz est une série qui a plutôt bien vieillit et qui aborde des sujets sérieux et matures.
Avec parfois, une timide lueur d’espoir dans la noirceur.
Ca te plaira si : Tu aimes les films de gladiateurs (beaucoup de monsieurs tout nus). Tu supportes bien des trucs assez dégelasses. Tu te demandes à quoi ressemblerait ta vie maintenant si t’avais fait carrière dans le crime.
Ca te plaira pas si : Tu es politiquement correct. Tu aimes un minimum de réalisme. T’es plutôt bisounouriste.