Critiques,  Livres

Le problème à trois corps

Par Liu Cixin

Portrait de l'auteur de science-fiction chinois Liu Cixin.

Laissée orpheline par la Révolution culturelle, l’astrophysicienne et dissidente écologiste Ye Wenjie intègre, dans les années 60, un programme chinois de communication avec une éventuelle vie extraterrestre, similaire au projet Seti. Les « Trisolariens » finissent par répondre à l’appel. Mais leurs intentions se révèlent hostiles, et les derniers jours de l’humanité semblent comptés.

La Terre, à une époque contemporaine ou presque : alors que la flotte trisolarienne approche lentement dans le vide de l’espace, les scientifiques les plus brillants sont frappés d’un mal étrange. Les extraterrestres tenteraient-ils de freiner l’avancée technologique des humains ? La réponse pourrait émerger d’un étrange jeu en ligne, où il est question de trois soleils…

Peu d’auteurs de science-fiction peuvent se targuer d’avoir Barack Obama comme lecteur et fan. A fortiori, encore moins quand l’auteur est un ingénieur chinois originaire du Shanxi. Comme c’est souvent le cas avec les œuvres traduites du mandarin, le style du Problème à trois corps peut sembler parfois rugueux, voire austère. Mais c’est par ses idées novatrices – brillantes et en décalage avec les conventions de la SF occidentale – que le roman innove.

L’œuvre propose une réponse fascinante au « Paradoxe de Fermi », cette énigme sur l’absence apparente de vie intelligente dans un univers si vaste. Pour Liu, l’espace est une forêt sombre, où le moindre imprudent risquerait de se faire dévorer par les tigres rôdant dans les ténèbres.

En arrière-plan, l’ascension de la Chine comme puissance internationale s’accompagne d’une critique subtile de la Révolution culturelle et – pour ceux qui savent lire entre les lignes – de la toute-puissance du Parti. Le Problème à trois corps ne succombe jamais à la tentation de trop « internationaliser » son récit : les extraterrestres y apparaissent comme une version chinoise de ces martiens « rouges » qui symbolisaient le maccarthysme durant la guerre froide. Et si ces extraterrestres cruels et technologiquement supérieurs n’étaient, dans l’imaginaire chinois, rien d’autre que des Américains ?

Ça te plaira si :
Tu apprécies les livres de science-fiction « hégéliens » s’étendant sur plusieurs générations, comme ceux d’Asimov (Fondation). La culture et l’histoire chinoises t’intriguent.

Ça ne te plaira pas si :
Pour toi, la SF se résume à des femmes en combinaisons spatiales minimalistes, des aliens en slip armés d’arbalètes, et des personnages stéréotypés : tous blancs et masculins, sauf une femme (princesse) et un homme noir (souvent traître).

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