Mandy (2018)
Par Panos Cosmatos
On peut dire que je n’ai pas vu venir la mandale. Un dimanche après-midi un peu malade (pas du Corona) à me rouler dans mon lit j’ai décidé de donner sa chance à Mandy, attiré par le casting (ok, Nicolas Cage en fait, dont je suis fan).
Mandy est un film qui, dans les années à venir, va devenir culte. Certains choix de réalisation, la lenteur hypnotique et les références vont faire de cette œuvre un type bien particulier de film culte : un film intello de drogués. Oui, un film à regarder défoncé aux champignons, entre amateurs de psychédéliques éclairés voire éclatés.
Ou au moins dans un état d’esprit particulier.
Début des années 80. Red Miller et sa compagne Mandy Bloom sont deux estropiés de la vie qui ont décidé de vivre retirés du monde dans la forêt. Quand elle ne dessine et ne lit pas de fantasy, la belle Mandy travaille dans une station-service toute proche tandis que le mutique Red est bûcheron. Leur route va croiser la trajectoire meurtrière d’un hippie gourou de secte inspiré par Charles Manson.
Red décide de se venger. Ce qui implique dans une logique très Banger de sniffer des amphets’, de libérer un tigre et de forger une +5 Unholy Avenger. Metal
Mandy propose un synopsis similaire à un quart ou presque des films américains contemporains. Et peut être une cinquantaine de lignes de dialogue au maximum.
Mais comme dans An history of violence ou drive ce n’est pas l’histoire qui compte, mais la manière de la raconter.
Fils du réalisateur (de nanars) Grec Cosmatos, Panos Cosmantos fait montre pour ce deuxième film d’un talent esthétique plus que prometteur et d’un œil pour les couleurs qui évoque Gaspard Noé (auquel il emprunte le crédit à mi-film). Le rapport ténu à la réalité de Red semble s’effilocher dans une palette de rouge (d’où son nom) sang entrecoupé de dessins animés et de ténèbres savamment dosées. C’est sombre, parfois sordide. Et violent. Très violent.
Les moins de 30 ans passeront à côté de l’essentiel des clins d’œil du film. De Métal Hurlant à Evil Dead en passant par toute la culture Heavy Metal, Mandy est un cri d’amour pour un genre, et presque un art de vivre. C’est pour ceux qui vont au Hellfest pour Heabanger sur Hall of the Mountain KIng (clique, tu vas kiffer) en cadence et invoquer Lucifuge Rocofale sous mescaline.
On est loin des clichetons Strangers Things, de la parodie et du pastiche des années 80 et de l’ère de l’horreur sur VHS.
L’hommage est respectueux. Il se cache dans le regard dément de Nicolas Cage à la Bruce Campbell dans Evil Dead, un combat à la tronçonneuse comme dans Massacre, des chevaliers noirs à la Brazil, la vorpale du héros qui s‘en va racler du nécromant dans la montagne.
Ce film est métal. Et le réalisateur talentueux. Et ya Nicolas Cage en slip qui hurle comme une otarie psychotique sur les toilettes.
Ça te plaira si : Tu jouais à Donjon et Dragon ou Warhammer 1ere ou 2eme édition comme un bonhomme. Tu connais les répliques de Bad Taste et Evil Dead par cœur. T’es avec tes potes dans le sous-sol de tes parents, et yen a un qui a ramené des acides. T’as lu tous les livres de Michael Moorcock. Et le Nécronomicon.
Ça te plaira pas si : Il fait jour (le film est à voir dans le noir complet). Aucune des références de « Ça ne te plaira si » ne te parle. Tu n’aimes pas le gore et Nicolas Cage.